"Je suis en situation de combat"

Publié le

T6-jthollande.jpg

 

Par ces quelques mots, le Président de la République a souhaité résumer la détermination de son action à la tête de l'Etat. Considérons que cette intervention télévisuelle s'inscrit dans un curieux contexte médiatique. Anticipant la fin de l'été et sans doute soucieux de ramener à lui l'attention médiatique avant les universités d'été du Front de Gauche, Jean Luc Mélenchon avait défier l'exécutif français en parlant de « cent jours pour presque rien ». Ce premier effet d'amorçage devait conduire à un effet d'information produit par une sorte de contamination réflexive de la presse pour imposer le consensus du jour : le Président Hollande s'enferme dans l'inaction sous couvert de normalité. Un sondage, comme à chacune des séquences de ce type, entérine la vérité du moment : la côte de popularité du nouveau locataire de l'Élysée chute de 7 points. Nous savions bien qu'il n'y aurait pas d'état de grâce au regard de la gravité de la crise que traverse le pays. Mais comment pouvions-nous penser que les Français puissent attendent des résultats spectaculaires au bout de quatre mois ? La baisse du revenu des ministres et du Président, la hausse de l'allocation de rentrée scolaire, la diminution du prix de l'essence et le plafonnement des loyers ne frappent peut-être pas suffisamment les consciences. Les victoires diplomatiques obtenues sur le plan européen ne sont pas assez exploitées. Quoiqu'il en soit, c'était le bon moment pour François Hollande de fixer le cap de l'agenda 2014 pour le redressement national et de préciser avec fermeté la manière dont il entendait gouverner. Hier soir, les Français ont pu constater que le Commandant était fermement arrimé à la barre, n'empêchant pas l'agitation sur le quai.

 

Notre priorité, l'emploi. Face à la crise et pour éviter la multiplication des plans sociaux, des mesures conjoncturelles se conjugueront avec le lancement de grandes réformes de structures avant la fin de l'année. Les emplois d'avenir sont lancés comme le contrat de génération. François Hollande a rappelé que la réforme bancaire est engagée afin de dissocier les activités spéculatives de l'économie réelle. Cette démarche de rationalisation et de moralisation des marchés est un préalable indispensable d'assainissement de notre économie. La banque publique d'investissement verra le jour pour répondre aux besoins de financement des petites et moyennes entreprises et des industries innovantes. La question de la variation du temps de travail en fonction de la conjoncture économique et du rétablissement du dialogue social au sein de l'entreprise est également un chantier que le Président souhaite mener avant la fin de l'année. Les partenaires sociaux devront trouver le compromis nécessaire avant décembre, faute de quoi l'Etat assumera ses responsabilités. Il est temps de disposer de l'arsenal social permettant d'éviter d'en arriver au plan social comme seule réponse aux variations de conjoncture.

 

Rétablir les finances publiques. L'effort de 33 milliards d'économie a été confirmé, hier soir, par le Président de la République. Il s'agit de la plus grosse économie à réaliser depuis la Cinquième République. L'effort sera porté par l'Etat qui réduira ses dépenses dans les secteurs non prioritaires, par les prélèvements sur les entreprises avec la fin niches fiscales tout en préservant les PME et par la contribution des ménages les plus aisés. Après la polémique stérile de la nationalité franco-belge de Bernard Arnaud, François Hollande a confirmé le grand chantier de la réforme fiscale. Outre la taxe de 75 % qui sera bien mise en place, une nouvelle tranche de 45 % sera instaurée. Enfin les revenus du capital seront taxés comme ceux du travail. Quant au financement de la sécurité sociale, le Président de la République souhaite que les efforts ne portent plus exclusivement sur les salaires. Une réforme complète sera proposée dès la fin de l'année et toutes les pistes seront évoquées ; de la CSG aux prélèvements écologiques.

 

En assumant complètement ses responsabilité et en précisant clairement sa feuille de route, François Hollande a montré le chemin à son Premier ministre. Loin d'être un collaborateur, ce dernier sera chargé d'animer une équipe où les cafouillages seront à éviter. La règle, c'est l'engagement pris par François Hollande devant les Français. Après le temps de la formation et des expérimentations, les ministres sont avertis : ils n'ont plus droit aux crises d'égo. Le rétablissement de l'ordre républicain est un préalable à la justice sociale. Le changement, c'est maintenant ou jamais.

Publié dans Parti Socialiste

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
<br /> Merci pour cette synthèse. Et non je ne plains pas ceux qui devraient diminuer leurs voyages-losirs, les M2 de leur domicile quand ils ont plusieurs maisons secondaires. Et oui je pense que<br /> chacun peut regarder comment il peut diminuer ses consommations d'eau, de gaz ou d'électricité. Je suis pour que le quotien familial permette une application à ceux qui en ont besoin et une<br /> suppression aux autres. Quand une société ne s'interroge pas sur comment fait on pour vivre avec 410€ par mois, préfère détourner le regard de cette question et s'apitoie sur comment remplir sa<br /> piscine, il est temps de réfléchir au triptyque républicain. Se regarder avant de juger l'Autre.<br />
Répondre