1. Du sale mec et de la pucelle.
Retrouvez dans le blog-notes une nouvelle série de chroniques consacrées à la Présidentielle 2012. Nous nous efforcerons donc de faire ponctuellement le point sur la campagne. Aujourd’hui, l’épisode 1 où il est question d’un sale mec, de l’héritage de la pucelle la plus connue de France et où les Français sont appelés à payer le prix des postures présidentielles via la TVA anti sociale.
François Hollande s’impose le premier en publiant sa lettre où il témoigne de sa volonté et de sa détermination à ré-enchanter le rêve français. Sur un ton volontairement offensif, cette tribune bouscule une majorité en place qui voulait prolonger la trêve des confiseurs. Elle dresse un bilan sans complaisance d’un quinquennat raté et d’une fonction malmenée.
Cette première semaine est aussi celle où celui qui n’est pas encore candidat, doit rôder les postures à venir. Le Président de la République met en place une stratégie destinée à lui permettre de retarder au maximum son entrée officielle en campagne. Si François Hollande ne dévoilera pas son projet avant la fin du mois, l’objectif de Nicolas Sarkozy est d’essayer d’imposer en contre l’image de celui qui sacrifie son destin personnel pour tenter de sauver le pays de la crise. Ne sortez pas encore vos mouchoirs car la TVA sociale est le premier prix à payer pour cautionner cette posture.
Reste que le Président est entravé par son passé de ministre du Budget du gouvernement Balladur. Malgré la violation du secret de l’instruction, la campagne commence dans le lit du Front National. Marine Le Pen entonne les premiers couplets du grand air éculé des 500 signatures et les « affaires » empoisonneront le débat politique faute d’explications de Nicolas Sarkozy. Les attentats de Karachi ont conduit à la mort des français innocents. Des questions se posent sur le financement de la campagne électorale d’Edouard Balladur. L’hypothèse de la vente de tee-shirts, pour justifier le versement de millions de francs, décrédibilise la vie politique. Sauve qui peut ! Il faut mettre en œuvre la tactique du contre-feu. Un nouveau fait du jour doit succéder à celui qui domine l’actualité. Il faut colmater dans l’urgence ce qui s’apparente déjà à « une tuile pour la campagne de Sarkozy » pour paraphraser Libération, à l’origine des dernières révélations.
François Hollande devient la cible, suite au détournement de ses propos. L’allusion au « sale mec » agite le camp présidentiel. La droite s’engouffre dans la désinformation. Jean François Copé se retrouve flanqué de Michèle Alliot-Marie (conseillère particulière en force de sécurité auprès du régime de Ben Ali) pour jouer l’indignation. La politique vire au grand guignol. Nicolas Sarkozy reprend la posture de celui qui tente de réformer la France. Il nous gratifie au passage d’une promesse aux enseignants de travailler plus pour gagner plus. Il lui reste encore à instrumentaliser le 600ème anniversaire de Jeanne d’Arc ; instrumentaliser, malheureusement, le mot juste. La figure incontestable de l’histoire de France est reléguée au rang de clip de campagne, intégrée dans une stratégie de communication de Patrick Buisson, conseiller en sondages du Chef de l’Etat, Président de la Chaine Histoire et surtout ancien journaliste du journal d’extrême droite Minute.
Au terme de cette première semaine, ne jouons pas le second tour avant le premier. Du sale mec à la pucelle, la semaine se solde par une photographie de l’opinion où Marine Le Pen est déjà créditée de 19 % des intentions de vote.